By Thomas Barker, University of California – Irvine Intern
As African cinema gains increasing success internationally with films such as Sembene, there is a potential for films to serve as a key avenue through which important critiques of humanitarianism on the continent are made. Recently, two directors, both English and French-speaking, have tied political consciousness-raising with comedies as a way of mixing entertainment and political engagement. Here are two examples of such movies that have come out recently:
“Bienvenue au Gondwana” (“Welcome to Gondwana”) is a comedy by Nigerien Mamane, based on fictional country “Gondwana,” which embodies common stereotypes of Africa. Depicting a corrupted election, the movie takes a comic tone to denounce cheating authoritarian leaders and the complacency of UN missions presiding over elections. According to the film’s director, the aim of the film is to show that such abuses that are common in many African states. Co-financed by the Ivorian state and French producers, the movie gained a lot of attention for its unusually large budget for an African movie (but still significantly less than any movies produced in the West).
Watch the trailer for the film here: https://www.youtube.com/watch?v=K9wEwGzOb48
Another example is film by Congolese filmmaker Arnold Aganze, released last year: “NGO: Nothing Going On.” The tone of the movie is humorous, but much more politically engaged with a strong critique of western NGO actions in Africa. The comedy tells the story of two Ugandan friends who start an NGO in order to get money and take advantage of the aid business. The director accuses Western NGOs of neo-colonialism and inefficiencies, denouncing NGO practices in comical ways. You can read more here in an interview by Africa at LSE with Aganze on the film.
Watch the trailer for the film here: https://www.youtube.com/watch?v=gO21BKSwSUY
As these two examples demonstrate, a new generation of filmmakers appear to be depicting African realities through comedic critiques. Interviewed by Jeune Afrique for the release of his movie, Mamane explained: “I wanted to root my film in the reality, show that Africa is smartphones, hackers, youth who want to have their future in their own hands.” Through their political messages, these filmmakers also want to renew a Pan-African message of unity and progress on the continent. By denouncing issues that are common to a lot of African states, they call for shared solutions and realization of these situations. These two movies highlighted were made with amateur volunteers and professionals coming from different African countries to work together.
The audience and demand for such movies shows increasing genuine interest by Africans for cultural productions coming from their societies; “Bienvenue au Gondwanda” was the most popular film according to Brazzaville’s box office, ahead of American productions. African Film Festivals are also increasingly finding large success with one in Ouagadougou, Burkina Faso facing problems of over-crowding. The massive film industry that has developed in Lagos, Nigeria is another good example of the success of African film and it appears that there is a slow but steady increase in the number of cinemas in Africa.
Many representations of Africa in popular media feed existing clichés, stereotypes and false representations of the continent. As I’ve noted in this piece, African cinema directed and produced on the continent is becoming more engaged politically, with one of the aims to explicitly spread a more balanced representation of Africa. Yet despite this growing quality and engagement, movies unfortunately still suffer from structural barriers to widespread diffusion, especially in Western countries where African cinema remains largely little known by audiences. Official screening institutions are also still far from full acceptation on the continent, with no African films in the official selection of world famous film festivals such as Cannes. African movies and directors are still too often restricted to sub-categories, indirectly implying that these movies are not conventional. Similarly, African cinema is often restricted to specific African film festivals that are too often the only way for Western audience to become exposed to what African cinema has to say.
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En Français
Alors que le cinéma africain trouve un succès grandissant à l’international avec des films comme Sembene dont nous avions déjà parlé, il semble émerger un véritable potentiel d’expression politique pour ces films, devenu un important vecteur de messages politiques et de critiques de l’action humanitaire menée sur le continent. Récemment, deux réalisateurs, de langue anglaise comme française, ont ainsi su allié éveil des consciences et comédies pour mélanger divertissement et engagement politique.
« Bienvenue au Gondwanda » est une comédie de l’humoriste nigérian Mamane et basée sur le Gondwanda, un pays fictif incarnant les stéréotypes africains les plus communs. Mettant en scène une élection corrompue, le film prends un ton comique pour dénoncer les gouvernements tricheurs et autoritaires mais aussi la complaisance des missions onusiennes chargées de superviser les scrutins. Pour son réalisateur, le but du film est de montrer que de tels abus sont fréquents dans les états africains, sans donner de nom pour laisser chaque pays se reconnaître dans la caricature qu’il propose. Co-financé par l’Etat ivoirien et des producteurs français, le film a marqué pour son budget inhabituellement important pour une production africaine (même s’il demeure très significativement inférieur aux productions occidentales).
Un autre exemple de cette tendance est le film du Congolais Arnold Aganze sorti l’année dernière, « NGO : Nothing Going On ». Le ton, humoristique, est aussi beaucoup plus engagé politiquement. Le scénario, qui raconte l’histoire de deux jeunes amis Ugandais qui lancent une fausse ONG pour en récupérer les bénéfices et profiter du business mis en place autour de l’humanitaire, porte une forte critique de l’action des ONG occidentales en Afrique. Aganze accuse ces ONG de néo-colonialisme et d’inefficacité, les dénonçant sur un ton léger en les tournant en dérision.
Comme l’illustre ces deux exemples, une nouvelle génération de réalisateur africains tente de décrire les réalités politiques de l’Afrique à travers un ton comique. Interviewé par le magazine sénégalais Jeune Afrique pour la sortie de son film, Mamane explique : « Moi, je voulais ancrer mon film dans le réel, montrer que l’Afrique, ce sont les smartphones, des hackers, une jeunesse qui veut prendre son destin en main. » A travers ces messages politiques, ces réalisateurs cherchent aussi à renouer avec un message panafricain d’unité et de progrès pour le continent. En dénonçant des problèmes présents dans de nombreux Etats africains, ils appellent ainsi à trouver des solutions partagées à un niveau global. Dans cette même logique, ces deux films ont été réalisés avec des acteurs amateurs et professionnels, venus de différents pays d’Afrique pour travailler ensemble.
L’audience et l’enthousiasme autour de ces films démontre un intérêt croissant et réel des Africains pour des productions culturelles issues de leurs sociétés. « Bienvenu au Gondwanda » s’est ainsi classé en tête du box-office à Brazzaville, devant les superproductions américaines. Les festivals de films africains rencontrent également un succès grandissant, parfois même trop largement au-dessus des attentes, engendrant des problèmes d’organisation, comme à Ouagadougou (Burkina Faso). L’industrie cinématographique qui s’est développé largement à Lagos au Nigéria est un autre exemple de ce succès des films africains et le nombre de salles augmentent lentement mais durablement sur le continent.
Alors que de nombreuses représentations de l’Afrique nourrissent les clichés et les stéréotypes, l’enjeu est de diffuser à l’international des productions locales, reflétant la réalité sociale et culturelle de l’Afrique d’aujourd’hui. Comme je l’ai montré dans cet article, le cinéma africain, produit et réalisé sur le continent, devient de plus en plus engagé politiquement et l’un de ses buts est bien de refléter une vision plus contrastée de la réalité africaine. Cependant malgré leur qualité et leur engagement grandissants, le cinéma africain souffre toujours de barrières structurelles pour élargir son public, en particulier dans les pays occidentaux où ses films peinent à trouver écho dans le grand public. De même, les institutions cinématographiques officielles sont encore loin d’un traitement égal pour le continent, avec des absences remarquées dans les sélections des plus gros festivals internationaux comme Cannes. Les films et réalisateurs africains y sont encore trop souvent limités à des sous-catégories, les renvoyant indirectement à des connotations ethniques ou non-conventionnelles. Les festivals spécifique, dédié au continent restent trop souvent le seul moyen pour les audiences occidentales d’être exposées à ce que le cinéma africain a à dire.