This week, The CIHA Blog is posting a series of articles about nonviolence movements across Africa. Read the introductory post and yesterday’s post on Nigeria’s nonviolent protests. Stay tuned for tomorrow’s post (Violence and Nonviolence in South Africa).
Peace and Nonviolence Education in the Democratic Republic of Congo: Notes from the Ground / Education à la paix et la non violence en RD Congo : notes de terrain
by/par Nadine Mulembusa
The importance of investing in peace and nonviolence educational programs in the Democratic Republic of Congo (DRC) was urged by action research conducted in 2009-2010 by Symphorien Pyana in communities in and around Bukavu, in the province of South Kivu. Pyana’s research had two goals: to analyze the correlation between the persistence of violence in the region and local understandings of peace and conflict, and to examine the effects of the absence or presence of programs and practices focused on peace and nonviolence education regarding conflict in the region.
L’urgence pour la RD Congo d’investir dans les programmes d’éducation à la paix et à la non-violence était établie par une recherche-action conduite de décembre 2009 à mars 2010 par Symphorien Pyana (2011) dans les écoles et les communautés locales de la ville de Bukavu et environs, dans la province du Sud-Kivu. La recherche avait un double objectif : d’une part, analyser la corrélation entre la persistance de la violence dans la région et la compréhension locale du conflit et de la paix. D’autre part, examiner les effets de l’absence ou de la présence des pratiques et des programmes spécialisés d’éducation à la à la paix et à la non-violence sur le conflit dans la région.
For the first goal, the research found a significant correlation between the persistence of violence and the relative lack of information about peace accords and causes of conflict in the region. It also found a strong link between inter-communal tensions regarding land and power and forms of political manipulation. The study also found that political manipulation was assisted by the lack of knowledge of local populations and by a kind of “culture of violence” that affects all spheres of public and private life (family, school, church, etc.) and which concerns the use of force or war as an appropriate method for resolving personal or communal problems.
Sur le premier aspect de la recherche, il était attesté une corrélation significative entre la persistance de la violence et le degré très réduit d’information (connaissance) sur les différents accords de paix et les vraies causes du conflit dans la région. Il était aussi confirmé un lien fort entre les tensions intercommunautaires autour des terres et du pouvoir et la manipulation politique. Il était par ailleurs établi que la manipulation politique était favorisée par l’ignorance de la population et par une sorte de ‘culture de la violence’ (usage de la force et/ou guerre comme méthode appropriée pour résoudre les problèmes personnels ou communautaires) qui s’est créée et affecté toutes les sphères de la vie publique et privée (familles, écoles, églises, etc.)
Regarding the second goal, the research noted that very few centers, schools and universities in the region or the country had developed programs focusing on nonviolence education. This includes programs developed by NGOs. As a result, the population was not aware of peace-centric methods of conflict transformation. Some schools and universities in the region had developed a paradigm for peace and nonviolence education, but their curricula were not yet focused or were insufficiently developed. This lack of peace and nonviolence education programs, as a result, is considered an important component of the fragility of peace and democracy in the region and the country in general. The population strongly recommended that the government and civil society multiply the numbers of centers and programs that specialize in peace and nonviolence education.
Par rapport au second objectif, la recherche a noté l’existence de très peu de centres, écoles et universités dans la région et dans le pays, y compris des ONG, qui développent des programmes spécialisés d’éducation à la non-violence et que la population était quasi ignorante des méthodes pacifiques de transformation des conflits. Quelques écoles et universités dans la région développent le paradigme de l’éducation à la paix et à la non violence, mais leurs curriculums ne sont pas encore spécialisés et focalisés. Le manque même des programmes spécialisés dans l’éducation à la non violence et à la paix était identifié comme un des aspects importants de la fragilisation de la paix et de la démocratie dans la région et le pays en général. La population avait fortement recommandé que le gouvernement et la société civile multiplient les centres et les programmes spécialisés dans l’éducation à la non violence.
Inspired by the results of this action research, the Association of Friends of Father Tony (ASAPT), in partnership with Teachers Without Borders (TWB), began to work on peace and nonviolence education in schools and communities in the region. Using a curriculum developed by Dr. Hungwa of TWB, and with support from the Provincial Ministry of Education of South Kivu, they organized a seminar in Bukavu, South Kivu, in February 2011 (details are available at http://www.teacherswithoutborders.org/about-us/news/twb/peace-education-program-planted-democratic-republic-congo).
Inspirée par les résultats de cette recherche-action, Association des Ami(e)s du Père Tony (ASAPT) a entrepris un travail d’éducation à la paix et à la non-violence dans les écoles et les communautés locales de la région, en partenariat avec Teachers Without Borders (TWB). Sur Base du Curriculum Dr Hungwa de TWB, un séminaire sur l’éducation à la paix et la non-violence était organisé à Bukavu (Sud Kivu) du 18 au 20 février 2011, pour les enseignants du Rwanda et de l’ancien Kivu (Maniema, Sud Kivu et Nord Kivu), avec l’appui du Ministère Provinciale de l’Education du Sud Kivu (plus de détails sur ce séminaire, consultez: http://www.teacherswithoutborders.org/about-us/news/twb/peace-education-program-planted-democratic-republic-congo).
Teachers shared their experiences as educators and reinforced their training in peace and nonviolence education. They also expressed their visions and personal hopes regarding the challenges to be overcome and paths to be taken to promote a culture of nonviolence, as well as solidarity between DRC and neighboring Rwanda.
These teachers were unanimous in insisting that the long-standing—and ongoing—dynamics of colonization, dictatorship, and militarization of the state influenced human rights violations and created and reinforced a culture of violence in their societies. These dynamics profoundly affected all spheres of social life, including in the schools. The teachers also stated that Congolese society in the Great Lakes Region would continue to confront serious problems of violence if robust investments were not made in projects focusing on the analysis of violence and peace education as engines of transformation from the culture of violence to one of peace and nonviolence.
Les enseignants avaient eu l’occasion de partager leur expérience comme éducateurs et d’être renforcés en capacités en non-violence et éducation à la paix. Ils ont aussi exprimé leurs visions et souhaits personnels sur les défis et les pistes pour promouvoir une culture de la non-violence et de la solidarité au Rwanda et au Congo. Les enseignants étaient unanimes que les dynamiques anciennes et actuelles de la colonisation, la dictature, la militarisation de l’Etat et les violations des droits humains ont créé et établi une culture de la violence dans leurs sociétés ; et que ceci avait profondément affect toutes les sphères de la vie sociale, y compris les écoles. Ils avaient aussi reconnu que la société congolaise et/ou la région des Grands Lacs continuerait à faire face aux sérieux problèmes de la violence, si des efforts musclés n’étaient investis dans des projets e projets spécialisés dans l’analyse de la violence et l’éducation à la paix comme enjeu de transformation de cette culture de la violence en une culture de paix et de non-violence.
There were, however, differences in the experiences of teachers from Rwanda and the DRC. While those from Rwanda acknowledged that their government had already agreed to considerable efforts in this direction, those from the DRC noted a kind of indifference, if not even a decrease in attention, by their government to this critical issue. At the end of the seminar, participants recommended that ASAPT and TWB work with teachers and parents to promote a culture of peace and nonviolence in local communities, through the creation of reflection and training groups. As a result, ASAPT and TWB initiated the creation of five such groups in five schools in the city of Bukavu, including the Institut Supérieur de la Pastorale Familiale (ISPF), Institut Amani, Ecole Primaire d’Ibanda, Ecole Primaire Islamique and Ecole Primaire SNCC/Ustawi.
Alors que les enseignants du Rwanda avaient reconnu des efforts considérables déjà consentis par leur gouvernement dans cette direction, ceux de la RD Congo ont souligné une sorte d’indifférence, si pas une attention particulièrement réduite de leur gouvernement sur cette question existentielle et engageante. A la fin du Séminaire, les participants avaient recommandé qu’ASAPT et TWB travaillent avec les enseignants et les parents pour promouvoir la culture de la non-violence et de la paix dans les écoles et les communautés locales à travers des clubs de réflexion et d’apprentissage. Ainsi, ASAPT et TWB avaient initié cinq clubs de réflexion des enseignants sur l’éducation à la paix et la non-violence dans cinq écoles de la ville de Bukavu, notamment l’Institut Supérieur de la Pastorale Familiale (ISPF), l’Institut Amani, l’Ecole Primaire d’Ibanda, l’Ecole Primaire Islamique et l’Ecole Primaire SNCC/Ustawi.
Reflection groups were organized to be autonomous and were led by a local community member connected to the school or who had taken the seminar. All members joined voluntarily. Clubs organized dialogues and readings and held discussions based on the curriculum of Dr. Joseph Hungwa of TWB. The goal was to provide a foundation in the theories and practice of peace and nonviolence for participants’ daily work. ASAPT and TWB provided technical support as well as monitoring and evaluation of the groups. Participants’ evaluations and experiences were extremely encouraging, necessitating the project’s expansion.
Les clubs de réflexion étaient autonomes, structurés et supervisés par un enseignant local membre de l’école ou qui a suivi le séminaire. Tous les membres y adhéraient volontairement. Les clubs de réflexion consistaient en l’organisation des dialogues et des lectures des textes, des exposés, des échanges et des discussions orientés et fondés sur le curriculum Dr Joseph Hungwa de TWB. L’objectif ici était d’initier les participants aux théories et à la pratique dans leur travail quotidien d’éducateurs. ASAPT, avec l’appui de TWB, assurait l’appui technique, le monitoring et l’évaluation des clubs. L’évaluation de l’expérience d’une année était très encourageante et obligeait l’expansion du projet.
As a result, ASAPT decided to extend the project to the national level. ASAPT participated as a partner with the Center for Social Action Studies in two recent action-research projects, one a “Youth Map” created by the International Youth Foundation (March–June 2014) and another concerning a population needs and concerns assessment initiated by the National Democratic Institute (December 2013–February 2014) in the province of Kinshasha. Based on these projects, ASAPT recently launched a six-month peace and nonviolence education project for street children and youth that are known for their culture of violence. The project targets three out of 24 areas, including Limete (Kingabwe), Malweka (Ngaliema) and Ndjili. Our ambition, when we have the opportunity, is to cover all of the city and include youth in schools as well as those who do not go to school. We anticipate being able to analyze our findings and draw lessons from this project after a period of three years.
Fort de cette expérience, ASAPT a décidé d’étendre le projet au niveau national. Sur base de deux récentes recherche-actions, « Youth Map » initiée par International Youth Foundation (Mars –Juin 2014) et «préoccupations et les besoins de la population » initiée par National Democratic Institute (Décembre 2013 –Février 2014) dans la Province-Ville de Kinshasa, auxquelles notre organisation a participé comme partenaire de mise en œuvre du Centre d’Etudes Pour l’Action Sociale, ASAPT vient de lancer un projet de six mois d’éducation à la paix et à la non-violence pour les enfants de la rue et les jeunes dit « Kuluna » (gangs) qui se sont distingués par la culture de la violence. Le projet cible trois communes sur vingt quatre notamment Limete (Kingabwa), Malweka (Ngaliema) et Ndjili. Selon que nous aurons l’opportunité, notre ambition est de couvrir toute la ville et impliquer plus de jeunes hors et dans les écoles. Un temps record de trois ans nous permettrait de tirer des leçons conséquentes.
Author’s bio note: Nadine Mulembusa is a journalist who also directs the Association of Friends of Father Tony (ASAPT), a nongovernmental organization working on peace and development issues that focus on youth and children in DRC. Contact: asaptasbl@gmail.com.
A propos de l’auteure : Nadine Mulembusa est journaliste de profession et travaille comme Directrice de l’Association des Ami(e)s du Père Tony-ASAPT, une ONG qui travaille pour la paix et le développement intégral, avec intérêt particulier sur les jeunes et les enfants, en République Démocratique du Congo. Contact : asaptasbl@gmail.com.